Dassault présente le Falcon 6X, son dernier jet d’affaires haut de gamme
Dassault Aviation lève le voile sur son dernier jet d’affaires, le Falcon 6X. Pandémie oblige, le roll-out de ce mardi 8 décembre était virtuel depuis l’usine Dassault Aviation de Mérignac. Toutefois, même si l’évènement fut virtuel, l’avionneur mise gros avec ce nouveau jet privé haut de gamme.
Le premier roll-out virtuel de l’histoire
C’était une étape très importante dans le programme de développement du nouveau jet privé de Dassault Aviation, le Falcon 6X. Ce 8 décembre marquait la première sortie d’atelier, le « roll-out », de ce nouvel avion d’affaires. Cette présentation publique s’est tenue en direct en virtuel. Les circonstances sanitaires liées à la Covid-19 ayant mis l’avionneur dans l’incapacité d’inviter physiquement ses salariés, ses partenaires, ses clients et la presse à la présentation.
Et c’est une première dans l’histoire, jamais un constructeur d’avions, et d’autant plus de jets privés, n’avait fait un roll-out virtuel. L’évènement, qui a duré une trentaine de minutes, a rassemblé plus de 4000 personnes des quatre coins du monde lors du direct sur YouTube. Bien plus de personnes qu’il n’y en aurait eu si l’avionneur avait fait un roll-out physique.
Un Falcon 6X pour pallier l’abandon du 5X
Lancé en février 2018, le Falcon 6X vient en remplacement du projet abandonné Falcon 5X. Dassault avait fait le choix de Safran pour équiper son 5X des moteurs Silvercrest. Mais le motoriste, sans expérience dans l’aviation d’affaires, avait rencontré des problèmes à répétition dans la conception des moteurs. À tel point que le Falcon 5X avait pris pas moins de 3 ans de retard dans le calendrier initial.
Même si l’avion d’affaires avait effectué ses premiers vols d’essai, l’avionneur français a pris la décision radicale d’abandonner entièrement son projet 5X en décembre 2017. Il ne lui aura fallu qu’un mois et demi pour mettre sur pieds un nouveau projet, le Falcon 6X, et concevoir avec son nouveau prestataire, Pratt & Whitney, les nouveaux moteurs PW812D. « Nous avons décidé de rebondir par le haut », explique Éric Trappier, Directeur Président Général de Dassault Aviation.
En optant pour ce motoriste spécialiste des moteurs de jet privé, Dassault Aviation a fait le choix de la sécurité pour rassurer ses clients et ses actionnaires.
Pour accélérer autant que possible le développement du Falcon 6X, l’avionneur a repris certaines caractéristiques du 5X. Ainsi, on retrouve certaines caractéristiques du 5X dans le 6X, comme la cellule et l’aérodynamique des ailes.
Autonomie et puissance
Le Falcon 6X est un nouveau jet privé de la catégorie des très long-courriers. Capable de parcourir 10,186 km (5500 nm), il pourra relier sans escale les plus grandes capitales de la planète, telles que Londres et Hong Kong, ou encore New-York et Moscou. Un avantage non négligeable pour les hommes d’affaires qui constituent la clientèle principale de Dassault Aviation.
Les deux moteurs Pratt & Whitney PurePower PW812D ont été le point de départ du projet Falcon 6X. Les ingénieurs sont partis des caractéristiques de ce moteur pour définir toutes les spécifications du 6X, comme la masse de l’appareil, son autonomie ou encore la taille du fuselage. « Nous avons dû dessiner la longueur de l’avion en fonction du moteur » explique Olivier Villa, ancien directeur général des avions civils de Dassault Aviation.
Au final, le Falcon 6X mesure 25,7 mètres de long, soit 50 cm de plus que le 5X. Sa masse maximale au décollage est de 35,135 kg, soit 4,5 tonnes de plus que le 5X. Et deux réservoirs de carburants supplémentaires ont pu être ajoutés.
Les deux moteurs PurePower PW812D de Pratt & Whitney offrent entre 13,000 et 14,000 lb de poussée au décollage. Ils sont synonymes de fiabilité et de durabilité et sont idéals pour le vol long-courrier, à haute altitude et à grande vitesse. Ils permettront au Falcon 6X de voler à la vitesse de mach 0.90, faisant de lui un des jets privés les plus rapides.
Le Falcon 6X pourra également réaliser des approches à très basse vitesse, jusqu’à 109 kts. Cette vitesse exceptionnellement basse permet de desservir des petits aéroports difficiles d’accès et augmente la sécurité lors de l’atterrissage.
Confort et luxe à la française
Eric Trappier en est très fier, son nouveau Falcon 6X a la cabine la plus large de sa catégorie. « Sa cabine primée, la plus large et la plus haute sous plafond, offre des standards d’espace, de confort, de productivité et de sécurité qui établissent de nouvelles références sur le segment des jets d’affaires à long rayon d’action », a-t-il mis en avant.
Cette cabine offre en effet 52,2 m3 de volume, contre 48,5 m3 pour le concurrent G500 de Gulfstream. Les passagers pourront se déplacer dans un intérieur haut de 1,98 mètres et large de 2,58 mètres, soit 10% de plus en moyenne que les jets privés du même segment.
Le « design entièrement nouveau » du Falcon 6X met en avant une cabine de style contemporain et rappelle l’élégance à la française. Les 16 passagers qui peuvent embarquer bénéficient de trois espaces séparés, d’une salle de bain et d’un vaste salon. L’équipage disposera aussi d’un espace de repos qui lui est propre.
« Le vol se fera comme si vous étiez dans la soie » a commenté Carlos Brana, directeur général des avions civils de Dassault Aviation. L’équipe d’ingénieurs a porté une grande attention au silence en cabine, au confort du vol grâce à de nouvelles commandes de vol, ainsi qu’à la faible altitude cabine.
Un cockpit à la pointe de la modernité
Le cockpit du Falcon 6X rassemble toutes les dernières technologies de commandes de vol. Équipé de la suite avionique de dernière génération Easy III d’Honeywell, le cockpit offre un système de vision synthétique SmartView. Celui-ci apporte une image synthétique 3D en couleur de l’environnement lorsque les pilotes ne peuvent pas voir en raison des conditions météorologiques.
Le système de gestion de vol de nouvelle génération (NG FMS) présent dans le cockpit est aussi une exclusivité. Il prépare les futures exigences en termes de navigation, d’efficience et de sécurité. Les pilotes peuvent notamment examiner les prévisions de consommation de carburant sur plusieurs plans de vol et déterminer la route la plus optimale.
L’écran MFD (Multifunction Display) fusionne les données de navigation et de tous les capteurs dans un seul écran multicouche de haute résolution. Les pilotes peuvent surveiller ensemble le trafic, la météo, le terrain et la navigation sans avoir à changer de vue.
Un nouveau Falcon 6X au cœur d’une concurrence féroce
Même si l’aviation d’affaires souffre moins des conséquences de l’épidémie de Covid-19 que l’aviation commerciale, elle est aussi affectée. Il est estimé que les jets privés volent à 80% de leur niveau de 2019.
Les constructeurs de jets privés peinent à vendre leurs modèles depuis une dizaine d’années, et la pandémie n’a pas aidé. Dassault Aviation a annoncé qu’il ne prévoyait de livrer que 30 Falcon en 2020, contre les 40 initialement prévus. Il faut dire que la concurrence est intense dans le secteur. La demande est relativement faible pour des avions d’affaires très chers. Le constructeur américain Gulfstream et le canadien Bombardier ont cassé leurs prix ces dernières années afin de se démarquer.
Résultat, Dassault Aviation livrait 40 Falcon à ses clients en 2019, quand Gulfstream en livrait 147 et Bombardier 142. L’avionneur français espère donc reprendre des parts de marchés à ses concurrents avec le Falcon 6X. Et mise aussi sur la reprise post-covid pour remplir son carnet de commandes.
Disponible pour 47 millions de dollars en 2022
Dassault Aviation annonce que le Falcon 6X sera disponible en 2022. L’équipe d’essais s’apprête à réaliser une session de 40 heures de test au simulateur avant d’effectuer un premier vol en 2021.
Le prix catalogue du Falcon 6X sera de 47 millions de dollars. Des exemplaires sont déjà en construction à l’usine Dassault Aviation de Mérignac.
Photos: ©Dassault Aviation / A.Daste